Participation de la CIJOC à la 107e session de la CIT (5 Juillet 2018, Genève)

Participation de la CIJOC à la 107ème Conférence Internationale du Travail

La Jeunesse Ouvrière Chrétienne de France (JOC) a été sollicitée par la Coordination Internationale des Jeunesse Ouvrière Chrétienne (CIJOC) à faire partie de sa délégation pour la 107e Conférence Internationale du Travail (CIT). Floriane, responsable de la JOC de France était donc présente sur la première semaine de la conférence, avec une autre représentante de la JOC du Portugal (Solange, Présidente) et les deux membres du secrétariat international de la CIJOC (Berhanu, Président, et Idy, Trésorière). Elle se confie et nous explique ce qu’elle retient de cette expérience.

Grande première pour Floriane, qui raconte « j’ai pu découvrir et mieux comprendre l’organisation et le rôle de l’Organisation Internationale du Travail. J’ai été agréablement surprise par la volonté de dialogue et de co-construction pour améliorer la dignité au travail dans le monde entier entre les représentantes et représentants des travailleurs et travailleuses, des employeurs et employeuses, et des gouvernements. » Floriane a suivi le travail de la commission « violence et harcèlement dans le monde du travail », elle a été marquée par l’ambition du groupe de travail afin de fournir un écrit suffisamment ambitieux pour changer réellement les conditions de vie et de travail des travailleurs et travailleuses, tout en cherchant à prendre en compte le point de vue de chaque groupe pour que chaque partie s’investisse et puisse ratifier une éventuelle future convention. Les autres membres de la CIJOC ont eu l’occasion de prendre part aux autres discussions de la conférence.

En revanche, ce que les représentants de la CIJOC déplorent un peu, c’est la place allouée aux ONG, dont le temps de parole accordé était à la fois très limité et prévu en soirée. Cela semble incohérent en rapport aux faits que les ONG telles que la CIJOC ont a dire et à faire entendre aux décideurs.  En effet, « nous sommes porteurs d’une véritable expertise d’usage sur la « vie » et de la « parole » des travailleurs et travailleuses, car c’est bien nous qui travaillons avec elles et eux au quotidien. Nous faisons des propositions concrètes, construites avec elles et eux, pour permettre à tous et toutes d’accéder à un emploi digne, comme le Cahier de Doléances de la JOC de France, avec ses 40 revendications, construit et porté par des milliers de jeunes en avril 2017 » nous dit Floriane.

Ce qui est important pour la CIJOC, comme pour d’autres organisations d’inspiration catholique, c’est de ne pas s’en tenir à une définition théorique de la violence ou du harcèlement, mais bien de partager de témoignage de jeunes qui vivent ces situations-là. Floriane nous rapporte la réalité de Damien, un jeune en situation de handicap, peu accompagné dans son emploi et dans la gestion de son rythme de vie (alors qu’il commençait le travail à 4h du matin, et habitait loin de son lieu de travail), non reconnu à la hauteur de son diplôme et donc sous-payé par rapport à ses compétences. Damien a aujourd’hui été licencié parce qu’il a voulu défendre une collègue et parce qu’il n’était pas suffisamment accompagné sur son poste.

Floriane nous parle aussi de Mariam, à qui un employeur a posé des questions très indiscrètes sur sa vie privée lors d’un entretien pour un poste dans une grande chaîne de restauration rapide. Non formée pour connaitre ses droits, elle ne savait pas que cela était interdit et n’a pas pu se défendre.

Et encore d’Ali, qui, après avoir obtenu son titre de séjour, a trouvé un emploi de préparateur de commande pour une grande boîte de livraison à domicile. Il a été obligé d’accepter un travail en inadéquation avec sa formation initiale, qui n’a pas été reconnue en France. Marchant une heure pour aller jusqu’au bus qui l’emmène au travail, il est parfois obligé d’accepter des horaires qui ne lui permettent pas de prendre les transports en commun.

Le travail des organisations catholiques en parallèle de la conférence est une vraie richesse car il permet de confronter organisations et modes de pensée. Animés par l’Evangile, la CIJOC et d’autres agissent pour la dignité de chacun et chacune de diverses manières, qu’il est intéressant de partager. Comme nous le rappelle le Pape François, « le travail n’a pas qu’une dimension économique, car il touche l’homme et tend à sa dignité. Si l’emploi vient à manquer cette dignité est atteinte. Le chômeur ou celui qui est en sous-emploi risque la marginalisation sociale, voire l’exclusion… » Floriane est consciente qu’en tant que croyant, nous ne pouvons pas rester sourd à de telles inégalités. Il est de notre devoir de baptisé.e d’agir : « La foi des chrétiens doit enrichir la société par le biais de la fraternité… Et nous ne devons jamais renoncer à un avenir meilleur ou nous laisser emporter par le pessimisme. Chacun doit apporter sa part et tous doivent mettre la dignité de la personne au centre des préoccupations. »

Souvent peu nombreuses et peu nombreux dans les délégations, il est difficile pour les organisations catholiques d’assister à toutes les commissions de travail. Les rencontres régulières, sont l’occasion d’échanger sur ce que chacun et chacune ont entendu, de partager les points d’attention en fonction des commissions de travail etc. Le séminaire, en parallèle de la Conférence organisé par les organisations catholiques permet également un vrai espace de réflexion sur le travail décent.

Enfin, Floriane conclut en retenant que « L’ensemble des rencontres que nous avons pu vivre ensemble a également été l’occasion d’apprendre à mieux nous connaître, mieux connaître nos mouvements, et réfléchir à l’action que nous pouvons mener collectivement pour la dignité humaine. »

 

Floriane Rodier, Secrétaire nationale à la Formation pour la Jeunesse Ouvrière Chrétienne de France

 

Pour plus d’informations, vous pouvez suivre les activités de la JOC de France sur le site : http://www.joc.asso.fr/